l'arbre du lettré

... La citrouille se mit à bouger à l'instant même ou la première goutte de tomate se mit à couler sur sa tige. Eva prit peur puis elle se ravisa. Après tout, on devait s'attendre à cela de la part d'une citrouille magique se dit-elle en continuant à arroser le légume jusqu'à la dernière goutte de jus de tomate. La citrouille n'avait pas arrêtée de frémir et de gesticuler en tout sens pour finalement s'immobiliser. Eva Jenkins recula instinctivement avant de s'approcher lentement du légume. Elle le retourna pour vérifier si un changement s'était produit comme le lui avait affirmer David Pumpkins...   

Un cris s'échappa de sa poitrine quand elle aperçu un oeil tournant en tout sens sur le côté droit de la citrouille. Un véritable oeil, vert intense qui cherchait à savoir où il se trouvait. Le regard de l'oeil s'immobilisa finalement sur Eva, en la fixant avec insistence, tremblotant et visiblement ému.

Eva Jenkins était paralysée, un frisson envahit tout son corps quand l'oeil se posa sur elle. Mais la larme qui coula de l'oeil la rassérena, elle se rappelait enfin, que cet oeil était celui de l'homme qu'elle aimait. Qu'il était le reflet des émotions de l'être qu'elle désirait chérir plus que tout au monde... Mais Il souffrait, son oeil était plein de tristesse, Il souffrait et elle ignorait pourquoi...

La citrouille n'était plus ce légume à la peau rugueuse et tout boursoufflé qu'elle n'avait pas pu couvrir d'attention. Elle était Lui, elle L'avait à ses côtés, Il était avec elle... enfin...emue, elle serra la citrouille chérit entre ses bras et les larmes séchèrent immédiatement... 

Eva Jenkins restait assise à la petite table de la cuisine, celle qui faisait face à la rue. Elle fixait depuis plusieurs minutes déjà la citrouille posée sur le rebord de la fenêtre, avec une insistance qui aurait paru étrange à tout autre que elle. Car seule Eva Jenkins savait qu'il s'agissait d'une des citrouilles de David Pumpinks, celui-là même qui errait depuis plusieurs jours déjà sur la Place Centrale. Elle l'avait aperçue depuis la fenêtre de sa chambre mais elle avait préféré l'ignorer...

La citrouille restait une citrouille, semblable à toutes les autres, avec sa face orange ridée et ses profondes entailles, elle gardait encore sa tige et deux feuilles vert intense qui n'avaient pas été ôté lors de la cueillette du légume. Eva Jenkins regrettait d'avoir payé deux pièces d'or pour une citrouille ordinaire. Elle doutait à présent de la magie du légume... A vrai dire, elle doutait surtout d'elle-même et de la volonté qu'elle avait à s'alliéner pour toujours l'amour d'un homme qu'elle ne connaissait même pas.

Elle l'avait croisé dans la rue, rarement, mais cela avait suffit à faire palpiter tout son être avec une intensité qu'elle n'aurais jamais imaginé. Eva Jenkins était incapable de dire s'il s'agissait de l'amour... et pourtant, elle avait acheté la citrouille...

La tête entre les mains, la jeune fille soupira profondément, voilà une semaine que la citrouille dormait sur le rebord de sa fenêtre et il ne lui restait que jusqu'au soir pour l'arroser de son sang ou de jus de tomate frais. Si elle ne le faisait pas, le sort n'avait plus aucune chance de prendre... d'autant plus qu'elle n'avait pas été très affectueuse et attentionnée envers le légume comme le lui avait conseillé David Jenkins...

Résignée dans son indécision, Eva Jenkins jeta un regard au grand couteau posé près d'elle et saisit sans hésitation la cruche pleine de jus de tomate à ses côtés. Elle se dirigea vers la citrouille...

Un manga fantastique et au graphisme époustoufflant comme je les aimes, pleins de suspens et de spectre en tout genre.

Mais elle avait acheté une des citrouilles enchantées... pourquoi avait-elle pris une de ces maudites citrouilles ? Se demandait David Pumpkins pleins de remords... La réponse était évidente, elle l'avait fait parce qu'elle était amoureuse. David Pumpkins savait pertinnement qu'il ne pouvait pas s'agir de lui... sa nature étrange et ses habitudes toutes aussi singulières lui interdissaient d'être aimé par une telle créature... Il en était convaincu...

Le désespoir ne tarda pas à envahir sa maison adossée au mur du vieux cimetière, derrière le Grand Bois. Le jeune Pumpkins ne soignait plus ses citrouilles et les semences ne germaient plus dans la serre. Il dormait le jour et errait la nuit dans les rues déserte du village d'Overlock en tirant son chariot de bois, vide de citrouilles, tout en traînant son coeur, lourd d'amour.   

Chaque craquement de volets, chaque coup de vent sur les portes le faisaient sursauter. Il se retournait automatiquement en cherchant la silhouette encapuchonnée... Puis, las de tout cela, il s'asseyait sous la grande horloge de la Place Centrale pour attendre l'aube et cet amour qui ne venait jamais.

Je crois que GEGEGE NO KITARO, fait partie des plus vieux manga existant au Japon et étant toujours en cours. Le premier épisode TV est sorti en 1959, quant à la série manga, elle débuta en 1953. Et la dernière saison TV date de 2007. On peut alors affirmer que GEGEGE NO KITARO, tout comme DOREAMON dans un autre registre ou ROBOT BOY, est un manga historique et fondateur.

GEGEGE NO KITARO continue à être particulièrement apprécié car il reprend toutes les croyances ancestrales (fantômes et spectres en tout genre...). Kitaro quant à lui,  est le héros du manga, il vit avec son père (un oeil doté de jambes et de bras constemment juché sur son épaule) et ensemble ils se battent contre les forces du mal.

Je dois avouer que GEGEGE NO KITARO m'a servis de base pour construire le personnage de DAVID PUMPKINS (voir ci dessous pour le début des aventures du jeune Pumpkins).

J'apprécie tout particulièrement le graphisme et le caractère transgénérationelle de cette oeuvre majeur des mangas.

L'Amour avait une voix douce, reconnaissable entre toutes car elle touchait directement le coeur de David Pumpkins. Il l'avait croisé une nuit d'hiver, lors d'une vente de citrouille. Le visage soigneusement caché sous son capuchon noir, elle avait tendue de sa main droite deux pièces d'or et David Pumpkins avait remarqué l'anneau d'argent qu'elle portait au pouce... un détail infime qui serait son seul moyen de la reconnaitre parmi tous les villageois d'Overlock...

Plus que son apparence, David Pumpkins se figurait un caractère doux et prévenant. Une âme fragile, tout comme lui... certainement aussi seule que lui...

De ces traits de caractères découlaient comme une conséquence logique, un physique de liane, éthéré, détaché du monde terrestre. De longs cheveux sombres retenus au sommet du crâne et une peau très pâle. Des yeux sans chaleur, un regard bleu froid et presque éteint, perdu dans des sphères dont elle seule connaissait les profondeurs.

David Pumpkins aurait tout donné pour la revoir même si elle avait demeuré près de lui, cachée sous son capuchon. Il avait juste besoin de sentir sa présence... Il revivait en pensé et à chaque instant du jour et de la nuit le bref instant où elle lui tendit les pièces d'or.

A la Solitude de toutes ces années, qui avait marché si fidèlement derrière lui, succédait à présent cette ombre encapuchonnée qui marchait devant lui...

J'ai toujours été fasciné par l'univers de Tim Burton, tout particulièrement par les fabuleux dessins-animés qu'il crèe. "Les noces funèbres" restent mon préféré, même si côté film, j'aime tout particulièrement le mythique "Edouard aux mains d'argent".

... Car comment aimer David Pumpkins ?

Son physique singulier était loin d'être engageant : un visage trop mince et trop long. Deux ailes de corbeaux en guise de cheveux, dont l'une d'entre elle, rabattue sur la partie gauche de son visage masquait un oeil absent. Une silhouette de squelette et des vêtements de croque-mort achevait ce portrait loin d'être attractif.

Quant à sa réputation, elle était encore moins engageante : la plupart des villageois affirmait qu'il était né dans le cimetière jouxtant sa maison. Ne connaissant ni père ni mère et n'ayant aucune famille à l'horizon, David Pumpkins était tout bonnement incapable de démentir ces allégations. Il était alors fils des esprits maléfiques et légendaires vivant dans le Grand Bois. L'étrange commerce auquel il se livrait ne faisait que confirmer cette dernière rumeur...

Car à chaque pleine lune, David Pumpkins pénétrait dans le village d'Overlock en tirant derrière lui une petite charette en bois remplie de citrouilles. Les gens de biens fermaient immédiatement leurs volets et leurs verrous en entendant le bruit sec et caractéristique des roues de bois sur les pavés de la Place Centrale. Les plus curieux entrouvraient leurs rideaux pour jeter un oeil suspect à l'étrange jeune homme. Et pour tous les enfants, David Pumkins était le croque-mitaine, le dévoreur d'âmes et le fils des enfers. 

Dans sa charette, il vendait des citrouilles. Bien différentes de celles d'Halloween ou de celles communément utilisées pour les potages et les tartes en tout genre... Ces citrouilles d'un genre bien particulier avait la faculté d'exaucer les souhaits... surtout ceux ayant attraits aux choses du coeur...

En les arrosant pendant un mois à raison d'une fois par semaine de sang encore chaud (du jus fraichement pressé de tomate faisait également très bien l'affaire), tous les voeux du coeur se voyaient réalisé. Il fallait juste s'occuper tendrement de la citrouille, comme si elle fut l'être chéris. Alors, au bout d'un mois de soins et de petites attentions, elle prenait les traits de la personne aimée. Dès lors, l'amour devenait réciproque.

La chose était avérée dans tout le village et les soirs de pleine lune, des ombres encapuchonnées courraient à travers les rues en serrant contre leur coeurs les citrouilles de leurs désirs... 

Et son coeur se mit à battre pour la première fois avec une force qu'il ne soupçonnait même pas.

David Pumpkins était un jeune homme fragile de naissance. Les battements de son pauvre coeur était si faibles que la pluspart des mèdecins d'Overlock et des villages alentours l'avaient déclarés cliniquement mort. Pourtant, il était bien vivant. Lui qui en avait si souvent douté, voilà à présent qu'il sentait des torrents de sang dévaler ses veines et se déverser dans tout son corps avec une violence qu'il n'aurait jamais espéré. Il sentait ses tempes palpiter et ses mains tremblaient, enfouies dans les poches de son pardessus noir.

La cause de cet émoi ? ... L'Amour forcément, celui que l'on n'attend jamais et qui arrive au moment le plus innoportun. Pour David Pumpkins, cette chose indésirée s'installa dans sa vie en prenant peu à peu la place de la solitude qui jusqu'alors, le suivait aveuglement dans le moindre de ses pas. Il avait appris à l'aimer plus que sa propre vie, il s'en était surtout accomodé.   

Là bas, à cinq kilomètres du village d'Overlock, derrière le Grand Bois et adossé au mur lézardé du vieux cimetière, dans sa maison dévorée par le lierre, David Pumpkins n'avait besoin que de la solitude. Tout autre compagne aurait été la cause de grands malheurs et il le savait...

Parce qu'il faut rendre à César ce qui est à César, je dédie mon premier article à mon auteur favoris Bernard werber. Celui même qui m'a poussé dans la littérature et plus que tout, dans l'envie dévorante d'écrire.

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Un extraordinaire recueil de nouvelles

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